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roumanie mon amie - Page 2

  • Jour 6 : en route pour Râmnicu Vâlcea !

    100_3957.JPGA 11h, nous voici enfin sur la M5 qui nous emmène jusqu'à Szeged. Le temps est radieux et la route agréable. A l'approche de la frontière, les villages semblent plus typiques et les maisons plus belles, bordées de parterres de fleurs colorées et de dizaines de tulipes. Soudain, un énorme volatile passe au-dessus de notre voiture et se pose au bord d'un nid immense, posé sur la cheminée d'une maison. Une cigogne ! A partir de cet instant, ces nids immenses se succèdent tout le long de la route et jusqu'en Roumanie. Le guide que j'ai emporté m'apprend que la Roumanie est un paradis ornithologique et abrite la plus grande concentration au monde d'oiseaux migrateurs qui hibernent dans le delta du Danube.

    A l'approche de la frontière, nous sommes ralenties par un convoi ininterrompu de poids-lourds. C'est impressionnant, des dizaines de camions sont stoppés sur la bande d'arrêt d'urgence. Peu avant 14h, nous nous plions de bonne grâce au seul contrôle de papiers de notre périple et passons la frontière roumaine à Nadlag, ajoutant une vignette sur le pare-brise de Boug' (5€ pour 7 jours). Nous suivons toujours la route E68 mais progressons très lentement en raison de la présence de nombreux poids-lourds et d'une seule file de circulation. Nous comprenons très vite pourquoi mon guide déconseille de conduire en Roumanie ; en effet, les Roumains n'en ont absolument rien à cirer des panneaux d'interdiction (de doubler, par exemple) et des limitations de vitesse. Ils doublent dès que possible et ils vaut mieux laisser une bonne distance entre vous et votre prédécesseur pour permettre à celui qui vous doublerait de se rabattre juste sous votre nez, évitant de justesse un tête à tête avec celui qui arrive en face. Les routes sont dans un état déplorable et nous devons régulièrement zigzaguer pour éviter de laisser un pneu dans les nombreux nids de poule. Nous aurons un peu plus tard l'explication de l'état assez incroyable des routes roumaines ; c'est Luminita (se référer au billet suivant) qui nous expliquera que les routes sont endommagées par les importants écarts de température que subit le pays, descendant parfois à -20 en hiver pour remonter jusqu'à 44 degrés en été.  La réfection du réseau routier est une des priorités du gouvernement mais cela coûte des sommes colossales et les chantiers, en Roumanie, ne manquent pas.

    Parcourir les 400 kms de la frontière à Râmnicu Vâlcea nous prendra près de 8 heures, parmi lesquelles 45 minutes totalement à l'arrêt pour le passage d'un train. Cependant, ce long trajet ne fut pas particulièrement éprouvant, malgré l'état des routes et la conduite très latine des Roumains, en raison de la beauté des paysages que nous traversons. Des montagnes, des prairies très vertes, pas de champs de culture comme on peut en voir en France, une végétation luxuriante, des arbres fruitiers, des pommiers en fleurs. Les maisons sont particulièrement pimpantes et fleuries et des sacs de pommes de terre et d'oignons, à vendre, sont suspendus au bord de la route.

    A Sibiu, induite en erreur par un panneau, je tourne à droite et après quelques kilomètres, à la sortie d'un village, nous débouchons sur un chemin de terre. Je demande la direction de Râmnicu Vâlcea à de vieilles femmes hilares qui lèvent les bras avec de grands cris « No Râmnicu Vâlcea ! ». Je ne comprends pas grand-chose mais j'ai compris le principal : je ne suis pas dans la bonne direction. Nous rebroussons donc chemin vers Sibiu où nous avons du mal à retrouver la direction de Râmnicu Vâlcea et c'est un Allemand (décidément, ça me poursuit !) qui nous met sur la bonne direction. La nuit est tombée et je reprends le volant. Après Sibiu, nous attaquons les routes de montagne et le danger augmente car là encore, les Roumains doublent dès qu'ils ont 10 mètres devant eux. Nous appelons Dana qui nous recommande de faire attention. Tout se passe bien jusqu'à 10 kilomètres de l'arrivée où un Roumain, visiblement mécontent que je double, me bombarde d'appels de phare pour me faire dégager et entreprend de forcer le passage au moment où la voie redevient unique, manquant me foutre dans le fossé. Furieuse, je l'insulte copieusement et lui fout mes pleins phares dans la gueule, à mon tour.

    A 21h45, nous entrons dans la ville de Râmnicu Vâlcea. A la hauteur de l'hôpital, je reconnais la station-essence qui se trouve au pied de l'immeuble de Dana et m'engage sur le parking. Quelques minutes plus tard, Dana qui s'est faite très élégante pour nous accueillir nous embrasse et nous entraîne jusqu'à son appartement où après avoir trinqué à nos retrouvailles avec un verre de vin blanc roumain (Graca de Cotnari), nous dégustons ce qu'elle a préparé : soupe  aux quenelles de semoule, macédoine de légumes au poulet puis maquereau grillé sur lit de légumes croquants. Et en dessert, gâteau à la crème de griottes et des amandines (petits gâteaux au chocolat). Nous avons ensuite discuté jusqu'à 3 heures du matin et ri quand Dana a lu mes derniers billets en prime-time et quasi-instantané, avant de virer la grenouille borgne posée sur le lit confortable de Dana.

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  • Ils m'ont refait le coup du chantier, les cons !

    Ben oui, figurez-vous qu'ils m'ont refait le coup de la formation sur un chantier. Ça doit être parce que j'ai les ongles courts et un brushing à chier, ou alors je ferai mieux de taire ma faculté naturelle à jouer aux fléchettes en buvant des pintes de Guinness. Bref, ma boss doit penser que ça m'amuse, et le pire c'est qu'elle a tout à fait raison.

    Ma formation à Bucarest a lieu dans une société en construction qui ouvrira ses portes en février prochain. Après ma dernière expérience des chantiers, je crains le pire et surtout - j'avoue - en Roumanie.

    Premier jour de formation, Costel est venu me chercher à l'hôtel pour me conduire aux abords de la piata Sudului, qui comme son nom l'indique se trouve dans le sud de la ville. Je bavarde avec lui au chaud dans sa voiture, en attendant ma collègue roumaine qui a atterri de Cluj, un peu plus tôt, et assistera à la formation en spectatrice. Je la connais à peine, en fait, je l'ai croisée il y a quelques semaines dans nos bureaux parisiens sans savoir que nous allions passer 3 jours ensemble bientôt.

    Peu après l'arrivée d'Andreea, une jolie blonde au visage rond tape à ma vitre, c'est ma cliente. Ce matin là, il fait un froid glacial mais pas encore de neige et nous franchissons les barrières d'un immense chantier où grues, ouvriers et chiens errants se croisent.

    Première - bonne - surprise : on a une vraie salle de formation, dis donc !!! Avec un vidéoprojecteur, pleins d'ordinateurs et un chauffage !!! Ça c'est de l'accueil ! A peine arrivés, on nous apporte un plateau avec du café. J'installe mon matos, fait les présentations, apprend avec surprise que j'ai 5 stagiaires au lieu d'une, note leurs prénoms. Il y a donc Luminita (Luminitsa) « dont le prénom signifie petite lumière », m'apprend mon interprète (celui qui a un accent normand), 2 brunes que je passerai les 3 jours à confondre, Loredana et Mihaela, Teodora qui a dû prononcer 4 mots en 3 jours et Adrien, alias Adi, un grand garçon joufflu et rigolard.

    A l'heure du déjeuner, nous découvrons que la neige est tombée. Une vraie mission pour rejoindre le restaurant qui se trouve de l'autre côté de la route. Je ne suis pas équipée et je peux le dire ce soir, vu que j'ai le cul confortablement installé dans l'aéroport, je n'en reviens pas d'avoir passé ces 3 jours sans me ramasser le cul dans la neige ! Une pointe de regret, même, ça m'aurait rappelé mon enfance (mais il paraît qu'il neige, en France, tellement fort, 10 cms, vous vous rendez compte, tout est paralysé, ben oui c'est incroyable de la neige en plein mois de décembre, en France ! Je ne sais pas j'ai dû rater un chapitre, la France est située en zone tropicale, c'est ça ? ! Les seuls vols affichant 3 heures de retard sur les panneaux de l'aéroport de Bucarest sont ceux d'Air France ... C'était le coup de gueule du soir, je referme la parenthèse ...)

    Les 3 jours se passent sans encombre et se ressemblent, transportées par Costel, accueillies avec un café par nos stagiaires, mission dans la neige pour aller déjeuner le midi, retour sous l'escorte bienveillante d'une meute de chiens errants.

    Ce matin, ça commence mal. Au réveil, TV5 m'apprend qu'on attend de la neige en France et que des perturbations sont prévues dans les aéroports. Je ris jaune, c'est bien ma veine vu que c'est justement ce soir que je décolle en direction de Paris, quelle bande de nazes, enfin je vais pas vous la refaire, voir coup de gueule plus haut.

    Costel, empêché par une autre course, a envoyé un de ses collègues auquel la sécurité refuse l'accès du chantier. Nous voilà larguées à la barrière, obligées de tirer nos valises dans la neige, sur une bonne centaine de mètres, jusqu'au bâtiment. Un type doit prendre peur en me voyant, en tout cas il saisit ma valise et m'accompagne jusqu'à la salle où nous nous installons enfin, rougeaudes, hirsutes et congelées.

    Après le café habituel, servi par Adi, je commence la formation. Moins d'une heure plus tard, clic ! plus rien, ordinateurs, chauffage, tout est coupé ! « Oh, une petite panne », me dis-je.

    Luminita passe quelques appels et vient vers moi, la mine sombre. « Ils sont en train de se raccorder au réseau de la ville, tout est coupé pendant plusieurs heures, ils ne savent pas combien de temps ». J'essaie de réfléchir vite. On peut bosser sur mon ordinateur mais il n'a que que 2 heures d'autonomie et surtout, il n'y a plus de chauffage et il fait -8 degrés. Luminita passe d'autres appels et dit « On va aller continuer la formation dans l'autre société, à Pantelimon ». Nous voilà déménageant valises et ordinateurs. Ben oui, c'est le dernier jour pour Andreea et moi, et nous sommes chargées comme des bourriques. On me propose de monter en voiture avec Loredana. Mortel, mon taxi, non ?

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    Sur la route, elle s'éclate en me voyant prendre des photos. Pour déconner, je chante « Last Christmas » de George Michael et « White Christmas » que je me suis déjà tapé à chaque Noel en Irlande et qui tourne en boucle ici aussi. Loredana assure comme une tueuse la conduite dans la neige, elle zigzague entre les Dacia, fait valser les croix et autres breloques accrochées à son rétroviseur. 

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    Arrivées sur le parking de la société, j'ai à peine le temps de poser le pied par terre que surgissent ses collègues, chariots en main. En deux secondes, on me déleste de mes sacs, les valises sont chargées dans les chariots et on m'entraîne à l'intérieur. J'ai l'impression de tourner dans « La chasse au trésor », version « il faut sauver la formatrice ».

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    Dans notre nouvelle salle de formation, je surprends des femmes, pulvérisateurs à la main, qui préparent notre arrivée et se dispersent en silence. « Café ? » demande - une autre - Luminata, - très jolie - brune au rouge à lèvres incendiaire. (Putain, qu'est que qu'elles sont sympas, ces Roumaines !)

    Ben merde, ils sont où mes stagiaires, d'ailleurs ?

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    Ah , les voilà, on recommence la formation. J'attends un appel du service technique de ma boîte et quand Toxic version Mark Ronson retentit dans la pièce, les yeux d'Adi s'allume. « Sophie, la musique ! » dit-il en tendant son téléphone. Un petit coup de Bluetooth et la chose est réglée. Le soir, lorsque Costel appelle pour prévenir qu'il nous attend sur le parking, je suis vraiment triste et Andreea aussi. « Tu vois, dans le nord, on pense que les roumains du sud ne sont pas gentils, et bien, maintenant je pense que je me trompe » dit Andreea.

    « Sophie, vous venir quand en Roumanie ? » demande Luminita. Je distribue ma carte de visite, relève leur e-mails, donne mon numéro de téléphone à Luminita la brune qui viendra pour la première fois en France avec son mari, en janvier, prends plein de photos, on s'embrasse, ils nous escortent jusqu'à la voiture de Costel et en route vers l'aéroport où je passe 6 heures (dont 4 avec Andreea).

    Voilà, la Roumanie c'est fini pour cette fois, mais ce n'est qu'un au revoir, ça c'est sûr.

     

  • Les Roumains sont des latins

    Petite histoire n° 1 : Hier, une bagarre a éclaté dans Bucarest entre un chauffeur de taxi et un piéton, supposément tzigane. Est-ce que le piéton a traversé où il ne fallait pas, est-ce que le taxi lui a foncé dessus ? En tout cas, l'attroupement fut rapide et l'échange musclé. Peu de temps après, le chauffeur fait un malaise et est transporté à l'hôpital. Le temps de remplir les papiers d'admission, il était mort d'un infarctus.

    Petite histoire n° 2 : La scène se passe dans l'hypermarché Cora de Pantelimon. C'est le jour de l'ouverture et le magasin est noir de monde. Les bananes remportent particulièrement un franc succès et les employés sont tous réquisitionnés pour en emballer des kilos que s'arrachent les clients. Près des caisses, c'est la cohue. Deux personnes âgées se bousculent. Le vieux monsieur « Hé ! Qu'est ce que tu as à me bousculer comme ça ? » La vieille dame, levant la main « Quoi ? Tu veux une taloche ? »

    Petite histoire n° 3 : Mon traducteur roumain à l'accent normand est dans le tramway aux heures de pointe. Des voitures se sont immobilisées sur les rails, bloquant la circulation du tramway. Le chauffeur, excédé, ouvre sa fenêtre et se penchant au dehors, hurle à un automobiliste « Qui c'est qui t'a appris à conduire comme ça ? » « Ta mère ! » lui répond son interlocuteur.

    Petite histoire n° 4 : Mon traducteur roumain à l'accent normand forme de jeunes roumaines aux bases de l'accueil client. Il insiste sur le sourire, les formules de politesse. L'une d'elles : »Moi je ne souris plus, c'est fini ». Il demande la raison de son refus. La dernière fois que j'ai souri à une cliente, elle m'a crié « Hé toi pétasse ! Qu'est ce que tu as à sourire comme ça ? Tu fais du gringue à mon Jules ?»

    Petite histoire n° 5 : C'est une petite femme frêle, d'à peine 1m50. Toute maigre et toute petite. Un fétu de paille. Soudain, elle jaillit de derrière sa caisse, comme une furie, et balance des coups de pied au cul d'une vieille dame. Mon traducteur roumain à l'accent normand observe la scène, stupéfait, sans pouvoir réagir. Il apprendra plus tard que la vieille dame avait insulté la petite femme frêle, la maudissant, elle et ses enfants. Ce que la vieille dame ne savait pas, c'est que la petite femme frêle venait de perdre son enfant, quelques jours auparavant. Pour la faute qu'elle a commise, la petite femme frêle subira pendant plusieurs mois une retenue sur son salaire.

  • Dans l'metrou

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  • Costel, le taxi roumain

    « Bonsoir Mademoiselle. Je suis Costel, votre taxi ».

    Cool, mon taxi roumain parle français, lui aussi. Nous allons pouvoir communiquer. Costel est petit, ses tempes sont argentées sous la casquette bordeaux. Je monte dans sa voiture et nous quittons l'aéroport. Il est surpris car il devait m'attendre aux arrivées à 17h et me récupère aux départs à 16h30. J'explique que je suis déjà en Roumanie depuis 3 jours et demande où il a appris le français.

    Costel travaille pour des sociétés françaises depuis plus de 10 ans. En 2001, ses patrons français lui ont proposé de les suivre en France pour travailler pour eux mais il a refusé de partir sans sa famille « Je devais venir seul ». Il connaît la ville de Dana car il a souvent fait la route jusqu'à Sibiu, où Louis Vuitton, comme beaucoup d'autres, avait installé ses usines. « Avant l'entrée de la Roumanie dans l'UE, la plus grande partie des produits Vuitton étaient fabriqués en Roumanie et terminés en Italie juste pour pouvoir apposer l'étiquette Made in Italy. Maintenant que la Roumanie fait partie de la CEE, ce n'est plus nécessaire puisqu'il est écrit Made in CEE ».   

    Nous devons traverser la ville et les gigantesques embouteillages de Bucarest nous donnent l'occasion de discuter. Costel vient du sud de la Roumanie, à la frontière avec la Bulgarie. Il n'est jamais allé en France mais offre chaque année des vacances à sa famille. Il voyage à bord de sa voiture et à déjà visité Budapest, Prague, Vienne et Bratislava. Il avait été ébloui par Vienne et y est retourné cette année mais en est revenu déçu. « Prague est merveilleux, les maisons ne sont pas noires mais colorées et joyeuses ». Et Budapest ? « Budapest, j'ai beaucoup aimé, le système de mini-bus pour les touristes est parfait ». Il n'a pas eu le plaisir de se délasser dans les bains. « C'est à Budapest ? » « O que oui, mon bon monsieur ! »

    Costel raconte ses déboires pour obtenir une licence de taxi, ça fait 10 ans qu'il attend, la corruption, les assurances auto qui ont presque doublé, officiellement à cause du taux d'accidents importants en Roumanie mais aussi « parce qu'elles sont beaucoup moins chères qu'en France ou en Italie. Mais les salaires ne sont pas les mêmes non plus... » Costel désigne un scooter à terre, de l'autre côté de l'avenue « Vous voyez les accidents en Roumanie... »

    Je demande s'il est intéressant que je me promène ce soir dans le quartier de mon hôtel. Il propose de m'emmener au centre-ville le lendemain soir, quand ma collègue roumaine m'aura rejointe. J'espère qu'elle voudra sortir, sinon j'irai sans elle.